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La pratique de la sociologie / Serge Paugam
Titre : La pratique de la sociologie Type de document : texte imprimé Auteurs : Serge Paugam (1960-....), Auteur Editeur : Paris : Presses universitaires de France Année de publication : impr. 2008 Collection : Licence, ISSN 1967-3329 Importance : 1 vol. (198 p.) Format : 22 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-13-056817-9 Prix : 15 EUR Note générale : Notes bibliogr. Index Langues : Français (fre) Mots-clés : sociologue relation amoureuse l’observation mcdonald's hypothèses condition de l’enquête l’enquêteur Index. décimale : 300 Résumé : À quelles conditions le regard du sociologue peut-il être objectif ? Quelles sont les règles déontologiques auxquelles tout sociologue doit se référer ? Le sociologue peut-il être engagé de façon militante dans la vie sociale et politique ?
Ce manuel retrace le cheminement scientifique qui conduit de la construction d’un objet à la publication d’articles ou de livres, en passant par la pratique de l’enquête de terrain et l’analyse des résultats. De façon plus générale, il interroge l’engagement du sociologue et sa place dans la société.
Manuel d’initiation à la pratique de la sociologie, l’ouvrage de Serge Paugam s’adresse aux étudiants débutant leur parcours universitaire en sciences sociales. Précis, clair, concis, il pose les jalons indispensables à la bonne conduite d’une recherche sociologique, que l’auteur tend cependant à restreindre à la seule procédure de l’enquête proprement dite, quand on sait combien celle-ci participe d’un mode de questionnement et d’interprétation infiniment plus large. Mais à s’en tenir à cette première prise de contact avec les enjeux et défis des champs sociaux, les questions fondamentales sont rigoureusement présentées. Quel rapport le sociologue entretient-il avec son « objet » d’analyse ? Comment se formulent les hypothèses initiales, qui vont décider de l’organisation générale de la recherche ? Quelles sont les conditions de l’enquête sociologique, et quelle position occupe l’enquêteur dans le « terrain » qu’il a décidé d’étudier ? Quelles sont, enfin, les « règles » de l’écriture sociologique, et à quel(s) public(s) les données de la recherche, ses résultats et ses « leçons », sont-elles destinées ? Ultime question, et non la moindre : peut-on ou non créditer le sociologue d’une exigence d’engagement dans les affaires de la Cité ? Avec raison, l’auteur inscrit ces réquisits dans le prolongement des grandes figures fondatrices de la sociologie, et l’on reconnaîtra sans peine, dans le développement consacré à la construction de l’objet sociologique, l’héritage durkheimien, revisité et revivifié par l’école de Bourdieu – et, dans l’interrogation sur les rapports entre engagement et neutralité, les références à Max Weber, reprises en compte et revisitées par le positionnement de Raymond Aron, en matière de philosophie politique.
2L’initiation est toujours une opération complexe et de fragile équilibre. Trop contraindre les premiers pas d’un chercheur en sciences sociales à s’effectuer selon des critères impératifs risque de ne pas seulement « neutraliser » les affects dont on demande que l’enquêteur se déleste : cela peut aussi bien désajuster le champ même de l’analyse de toute capacité d’étonnement. Le lecteur saura gré à S. Paugam d’avoir clairement évité cette aporie, d’une recherche s’annulant dans la distance même, et incomblable, qui peut s’installer entre terrain et sujet d’analyse. Et l’auteur insiste précisément sur la nécessité de ne jamais considérer une recherche comme recluse en sa « scientificité », quand bien même elle répondrait à toutes les prescriptions méthodologiques et déontologiques dont la nécessité n’est pas ici contestée. Mais une fois celles-ci observées et mises en jeu dans le parcours de recherche, par ce parcours même, celle-ci est sans cesse sollicitée par des objections et des ouvertures vers des dimensions insoupçonnées, alternatives ou obligeant à des stratégies de compréhension entièrement bouleversées, qui constituent précisément le moment capital dans l’appréhension d’un fait social en son intensité ou/et sa totalité la plus novatrice, et la plus proche de son noyau de « vérité ». S. Paugam invite ainsi les chercheurs, et bien au-delà de qui s’estimerait dûment confirmé, d’engager toute quête de sens comme innovation permanente, porteuse de doutes et de « vitalité créatrice » : nul espace social, nulle institution, nulle relation sociale, ne se comprennent, qui ne requièrent d’abord non seulement une « écoute » attentive, mais plus encore un obligation de veiller à ne rien tenir pour insignifiant de ce qui se dit dans le « champ » analysé, et de ne rien entendre comme allant aussitôt de soi. Contre l’évidence du sens, la nécessité d’une « lecture » déconstructrice pour saisir ce qui se tait en deçà de cette obsédante transparence ; et contre son opacité de principe, l’exigence d’une prise en charge du fil du discours. Mais cela ne revient-il pas à réclamer, avec l’auteur, et de plein droit, l’appartenance de la sociologie au vaste univers des sciences, en ses tenants et ses aboutissants ?
3S. Paugam : « Le travail sociologique passe par la mise en énigme de ce qui semble aller de soi ». On ne peut que souscrire à cette posture qui cependant, parce qu’elle rompt avec le confort qui accompagne toute saisie du social dans la configuration où il se présente « spontanément », rencontre encore parmi nous plus d’une résistance. Là se joue, en effet, le statut même de la sociologie, en cette capacité à procéder du plus clair au plus obscur, du simple au complexe, du plus évident au plus « caché ». Mais le caché n’est pas ce qui se dérobe : il est, comme la lettre volée de Poe, souvent le plus offert. Encore sa saisie suppose-t-elle un certain angle de vision, une certaine appétence du regard, un déplacement discret, et décisif, de la focale. Déconstruire les prénotions, ou notions « de sens commun », paraît un réquisit radical dans l’institution d’un savoir véritablement sociologique, en ce qu’il indispose cela même qui semble pouvoir se lire à découvert. Et sans doute l’immense majorité des chercheurs en sciences sociales sont-ils acquis à cette obligation méthodologique. Il est pourtant, en cette qualification des « sens commun », une ambiguïté qu’il conviendrait de lever. Telles notions, tels éléments constitutifs du « fil du discours », à coup sûr ne peuvent, en une conception de surplomb, être tenus, tels quels, et dans leur immédiateté, pour aires de signifiances élaborées selon les critères présidant à la recherche de sens global et totalisant d’un fait social conçu comme « chose ». Mais depuis deux générations au moins, d’autres discours de méthode sont formulés, qui disent ce même « sens commun » au principe de toute socialité, et chacun des mots pour le dire, capables de fonder, précisément, une ressource commune œuvrant à la mise en rapport des actes et des pensées. Bref, ce qui est tenu là pour illégitime ou de raison moindre, ici peut prétendre à privilège et à raison majeure. L’ethnométhodologie, en son « tournant linguistique » et sa radicalité opérationnelle, participe de cette neuve formulation, libérant tout un champ de savoirs jouant au plus près de l’engendrement de la formule sociale. Telle autre théorie se distingue des approches privilégiées par S. Paugam – je pense à la sociologie de l’action d’Alain Touraine, à la fois interprétative et productrice de l’action selon des niveaux d’historicité différenciés en fonction des acteurs et de leurs enjeux. Si le programme de l’ouvrage n’est pas, bien entendu, d’expliciter la longue série des mutations méthodologiques et des doctrines qui les accompagnent, il n’est pas préjudiciable à son incontestable qualité d’évoquer quelques échappées supplémentaires.
4Si l’on retient l’impératif de déconstruction dans la mise en forme de l’« objet » de la recherche, seul un nouveau regard peut s’affranchir du trop-plein de significations, ou de la vacuité apparente, du sens commun. L’auteur rappelle avec bonheur la position de Bourdieu concernant l’exigence d’une modification radicale de la « perception » du champ social. Cette modification implique une véritable « metanoïa » – révolution dans la vision du monde. On prend ici la mesure du défi qui accompagne toute recherche. Pour que cette déprise des significations immédiates soit conduite à son terme, et sauf à en faire table rase, il faut que chacune soit, d’une façon ou d’une autre, estimée quant à sa valeur cognitive, et dépassée. Tout chercheur doit ainsi commencer un long cheminement au travers des notions communes, et de leur compétence propre, avant de pouvoir décider quel déplacement il est requis d’effectuer, et vers quel horizon de sens. Mais cela pose un double problème. D’une part, le chercheur peut être conduit à privilégier une position en extériorité par rapport au prime sens de l’objet de sa quête. Mais de quelle légitimité scientifique pourront se réclamer les propositions à venir ? Les auteurs auxquels se réfère S. Paugam n’ont pas ignoré ce risque, attentifs à maîtriser un rapport essentiel entre une posture de surplomb et une relation intime, empathique ou distanciée, avec l’objet d’investigation. Le chercheur est ainsi invité à occuper cette position de bordure à laquelle Valéry assignait l’interprète de la danse : ni dans le cercle, ni au-dehors – mais en sa limite, où se conjuguent un regard participant et une attention détachée. L’opérativité même des « types idéaux » dans la sociologie wébérienne relève de cette aptitude à procéder à des allers-retours permanents entre le modèle et le monde du « réel », entre la vocation d’abstraction et l’injonction d’historicité.
5Sans doute est-ce là l’origine d’une nouvelle difficulté, autant épistémologique qu’éthique. S. Paugam pose avec netteté la question de l’engagement du chercheur, une fois construit son objet et abouties ses conclusions, dans la complexité du monde contemporain. Si la sociologie, protestait Durkheim, n’impliquait pas une mise en partage du savoir sur la société étudiée, quel qu’en soit le segment concerné, elle ne vaudrait pas une seule minute que l’on s’y applique. Sans doute cette protestation citoyenne gagnerait-elle à être prise en son esprit plus qu’à la lettre. On sait qu’entre l’issue d’une recherche sociologique, et son aptitude à informer le champ social et les acteurs politiques qui s’y manifestant, très long peut être le temps de la « réflexion », ce retour sur soi-même d’une société s’interrogeant sur ses crises, ses valeurs, ses institutions, ses incertitudes. La boucle peut relever d’un temps très bref, si la recherche s’effectue à partir d’une demande sociale ciblée et programmée. Mais dès lors qu’elle se déploie en des espaces sociaux plus ouverts, et selon des questionnements plus diversifiés, et plus métissés – en rapport avec des exigences historiennes, ou économiques, etc. –, la recherche peut ne trouver que plus tardivement, ou sur des sites d’accueil inattendus, occasion de s’investir dans l’intelligence des évènements de la Cité. La complexité des « objets sociaux », vecteurs de toutes les objections que la recherche ne manquera pas de rencontrer, suppose le recours à des schèmes épistémologiques suffisamment pluralisés, articulés et maîtrisés, pour que cette complexité puisse être portée au meilleur de son savoir. De sa science. L’œuvre d’Edgar Morin peut faire ici modèle en tous ses états. En va-t-il différemment de la sociologie politique de Raymond Aron ? À l’évidence non, et l’auteur puise en ses ouvrages toutes les raisons d’un engagement lucide, raisonné, et, si l’on peut ainsi dire, neutre. En chacun de ces cas de figure, le présent, et l’avenir, de la Cité demeurent au centre de toute recherche. Dès lors, il importe peu que le sociologue atteste d’un engagement dûment caractérisé. Il lui suffit d’observer les règles de la méthode la plus à même d’autoriser l’ouverture du sens, pour paraître enfin acteur en sa propre société, et, à rebours de la formule consacrée, prophète en son pays.
6Par la présentation pertinente des étapes majeures de la recherche sociologique, S. Paugam fait œuvre utile, pour autant qu’il contraint ce temps de l’entrée en discipline à ne pas se clore en lui-même, éteinte toute possibilité d’étonnement et de détournement des règles et des lois. Par les références insistantes aux pionniers de cette science sociale, et leur posture éclatée entre la passion de scientificité et la nécessité de comprendre un réel qui toujours la déborde, la leçon propédeutique s’ouvre au grand large de l’intelligence du social.La pratique de la sociologie [texte imprimé] / Serge Paugam (1960-....), Auteur . - Paris : Presses universitaires de France, impr. 2008 . - 1 vol. (198 p.) ; 22 cm. - (Licence, ISSN 1967-3329) .
ISBN : 978-2-13-056817-9 : 15 EUR
Notes bibliogr. Index
Langues : Français (fre)
Mots-clés : sociologue relation amoureuse l’observation mcdonald's hypothèses condition de l’enquête l’enquêteur Index. décimale : 300 Résumé : À quelles conditions le regard du sociologue peut-il être objectif ? Quelles sont les règles déontologiques auxquelles tout sociologue doit se référer ? Le sociologue peut-il être engagé de façon militante dans la vie sociale et politique ?
Ce manuel retrace le cheminement scientifique qui conduit de la construction d’un objet à la publication d’articles ou de livres, en passant par la pratique de l’enquête de terrain et l’analyse des résultats. De façon plus générale, il interroge l’engagement du sociologue et sa place dans la société.
Manuel d’initiation à la pratique de la sociologie, l’ouvrage de Serge Paugam s’adresse aux étudiants débutant leur parcours universitaire en sciences sociales. Précis, clair, concis, il pose les jalons indispensables à la bonne conduite d’une recherche sociologique, que l’auteur tend cependant à restreindre à la seule procédure de l’enquête proprement dite, quand on sait combien celle-ci participe d’un mode de questionnement et d’interprétation infiniment plus large. Mais à s’en tenir à cette première prise de contact avec les enjeux et défis des champs sociaux, les questions fondamentales sont rigoureusement présentées. Quel rapport le sociologue entretient-il avec son « objet » d’analyse ? Comment se formulent les hypothèses initiales, qui vont décider de l’organisation générale de la recherche ? Quelles sont les conditions de l’enquête sociologique, et quelle position occupe l’enquêteur dans le « terrain » qu’il a décidé d’étudier ? Quelles sont, enfin, les « règles » de l’écriture sociologique, et à quel(s) public(s) les données de la recherche, ses résultats et ses « leçons », sont-elles destinées ? Ultime question, et non la moindre : peut-on ou non créditer le sociologue d’une exigence d’engagement dans les affaires de la Cité ? Avec raison, l’auteur inscrit ces réquisits dans le prolongement des grandes figures fondatrices de la sociologie, et l’on reconnaîtra sans peine, dans le développement consacré à la construction de l’objet sociologique, l’héritage durkheimien, revisité et revivifié par l’école de Bourdieu – et, dans l’interrogation sur les rapports entre engagement et neutralité, les références à Max Weber, reprises en compte et revisitées par le positionnement de Raymond Aron, en matière de philosophie politique.
2L’initiation est toujours une opération complexe et de fragile équilibre. Trop contraindre les premiers pas d’un chercheur en sciences sociales à s’effectuer selon des critères impératifs risque de ne pas seulement « neutraliser » les affects dont on demande que l’enquêteur se déleste : cela peut aussi bien désajuster le champ même de l’analyse de toute capacité d’étonnement. Le lecteur saura gré à S. Paugam d’avoir clairement évité cette aporie, d’une recherche s’annulant dans la distance même, et incomblable, qui peut s’installer entre terrain et sujet d’analyse. Et l’auteur insiste précisément sur la nécessité de ne jamais considérer une recherche comme recluse en sa « scientificité », quand bien même elle répondrait à toutes les prescriptions méthodologiques et déontologiques dont la nécessité n’est pas ici contestée. Mais une fois celles-ci observées et mises en jeu dans le parcours de recherche, par ce parcours même, celle-ci est sans cesse sollicitée par des objections et des ouvertures vers des dimensions insoupçonnées, alternatives ou obligeant à des stratégies de compréhension entièrement bouleversées, qui constituent précisément le moment capital dans l’appréhension d’un fait social en son intensité ou/et sa totalité la plus novatrice, et la plus proche de son noyau de « vérité ». S. Paugam invite ainsi les chercheurs, et bien au-delà de qui s’estimerait dûment confirmé, d’engager toute quête de sens comme innovation permanente, porteuse de doutes et de « vitalité créatrice » : nul espace social, nulle institution, nulle relation sociale, ne se comprennent, qui ne requièrent d’abord non seulement une « écoute » attentive, mais plus encore un obligation de veiller à ne rien tenir pour insignifiant de ce qui se dit dans le « champ » analysé, et de ne rien entendre comme allant aussitôt de soi. Contre l’évidence du sens, la nécessité d’une « lecture » déconstructrice pour saisir ce qui se tait en deçà de cette obsédante transparence ; et contre son opacité de principe, l’exigence d’une prise en charge du fil du discours. Mais cela ne revient-il pas à réclamer, avec l’auteur, et de plein droit, l’appartenance de la sociologie au vaste univers des sciences, en ses tenants et ses aboutissants ?
3S. Paugam : « Le travail sociologique passe par la mise en énigme de ce qui semble aller de soi ». On ne peut que souscrire à cette posture qui cependant, parce qu’elle rompt avec le confort qui accompagne toute saisie du social dans la configuration où il se présente « spontanément », rencontre encore parmi nous plus d’une résistance. Là se joue, en effet, le statut même de la sociologie, en cette capacité à procéder du plus clair au plus obscur, du simple au complexe, du plus évident au plus « caché ». Mais le caché n’est pas ce qui se dérobe : il est, comme la lettre volée de Poe, souvent le plus offert. Encore sa saisie suppose-t-elle un certain angle de vision, une certaine appétence du regard, un déplacement discret, et décisif, de la focale. Déconstruire les prénotions, ou notions « de sens commun », paraît un réquisit radical dans l’institution d’un savoir véritablement sociologique, en ce qu’il indispose cela même qui semble pouvoir se lire à découvert. Et sans doute l’immense majorité des chercheurs en sciences sociales sont-ils acquis à cette obligation méthodologique. Il est pourtant, en cette qualification des « sens commun », une ambiguïté qu’il conviendrait de lever. Telles notions, tels éléments constitutifs du « fil du discours », à coup sûr ne peuvent, en une conception de surplomb, être tenus, tels quels, et dans leur immédiateté, pour aires de signifiances élaborées selon les critères présidant à la recherche de sens global et totalisant d’un fait social conçu comme « chose ». Mais depuis deux générations au moins, d’autres discours de méthode sont formulés, qui disent ce même « sens commun » au principe de toute socialité, et chacun des mots pour le dire, capables de fonder, précisément, une ressource commune œuvrant à la mise en rapport des actes et des pensées. Bref, ce qui est tenu là pour illégitime ou de raison moindre, ici peut prétendre à privilège et à raison majeure. L’ethnométhodologie, en son « tournant linguistique » et sa radicalité opérationnelle, participe de cette neuve formulation, libérant tout un champ de savoirs jouant au plus près de l’engendrement de la formule sociale. Telle autre théorie se distingue des approches privilégiées par S. Paugam – je pense à la sociologie de l’action d’Alain Touraine, à la fois interprétative et productrice de l’action selon des niveaux d’historicité différenciés en fonction des acteurs et de leurs enjeux. Si le programme de l’ouvrage n’est pas, bien entendu, d’expliciter la longue série des mutations méthodologiques et des doctrines qui les accompagnent, il n’est pas préjudiciable à son incontestable qualité d’évoquer quelques échappées supplémentaires.
4Si l’on retient l’impératif de déconstruction dans la mise en forme de l’« objet » de la recherche, seul un nouveau regard peut s’affranchir du trop-plein de significations, ou de la vacuité apparente, du sens commun. L’auteur rappelle avec bonheur la position de Bourdieu concernant l’exigence d’une modification radicale de la « perception » du champ social. Cette modification implique une véritable « metanoïa » – révolution dans la vision du monde. On prend ici la mesure du défi qui accompagne toute recherche. Pour que cette déprise des significations immédiates soit conduite à son terme, et sauf à en faire table rase, il faut que chacune soit, d’une façon ou d’une autre, estimée quant à sa valeur cognitive, et dépassée. Tout chercheur doit ainsi commencer un long cheminement au travers des notions communes, et de leur compétence propre, avant de pouvoir décider quel déplacement il est requis d’effectuer, et vers quel horizon de sens. Mais cela pose un double problème. D’une part, le chercheur peut être conduit à privilégier une position en extériorité par rapport au prime sens de l’objet de sa quête. Mais de quelle légitimité scientifique pourront se réclamer les propositions à venir ? Les auteurs auxquels se réfère S. Paugam n’ont pas ignoré ce risque, attentifs à maîtriser un rapport essentiel entre une posture de surplomb et une relation intime, empathique ou distanciée, avec l’objet d’investigation. Le chercheur est ainsi invité à occuper cette position de bordure à laquelle Valéry assignait l’interprète de la danse : ni dans le cercle, ni au-dehors – mais en sa limite, où se conjuguent un regard participant et une attention détachée. L’opérativité même des « types idéaux » dans la sociologie wébérienne relève de cette aptitude à procéder à des allers-retours permanents entre le modèle et le monde du « réel », entre la vocation d’abstraction et l’injonction d’historicité.
5Sans doute est-ce là l’origine d’une nouvelle difficulté, autant épistémologique qu’éthique. S. Paugam pose avec netteté la question de l’engagement du chercheur, une fois construit son objet et abouties ses conclusions, dans la complexité du monde contemporain. Si la sociologie, protestait Durkheim, n’impliquait pas une mise en partage du savoir sur la société étudiée, quel qu’en soit le segment concerné, elle ne vaudrait pas une seule minute que l’on s’y applique. Sans doute cette protestation citoyenne gagnerait-elle à être prise en son esprit plus qu’à la lettre. On sait qu’entre l’issue d’une recherche sociologique, et son aptitude à informer le champ social et les acteurs politiques qui s’y manifestant, très long peut être le temps de la « réflexion », ce retour sur soi-même d’une société s’interrogeant sur ses crises, ses valeurs, ses institutions, ses incertitudes. La boucle peut relever d’un temps très bref, si la recherche s’effectue à partir d’une demande sociale ciblée et programmée. Mais dès lors qu’elle se déploie en des espaces sociaux plus ouverts, et selon des questionnements plus diversifiés, et plus métissés – en rapport avec des exigences historiennes, ou économiques, etc. –, la recherche peut ne trouver que plus tardivement, ou sur des sites d’accueil inattendus, occasion de s’investir dans l’intelligence des évènements de la Cité. La complexité des « objets sociaux », vecteurs de toutes les objections que la recherche ne manquera pas de rencontrer, suppose le recours à des schèmes épistémologiques suffisamment pluralisés, articulés et maîtrisés, pour que cette complexité puisse être portée au meilleur de son savoir. De sa science. L’œuvre d’Edgar Morin peut faire ici modèle en tous ses états. En va-t-il différemment de la sociologie politique de Raymond Aron ? À l’évidence non, et l’auteur puise en ses ouvrages toutes les raisons d’un engagement lucide, raisonné, et, si l’on peut ainsi dire, neutre. En chacun de ces cas de figure, le présent, et l’avenir, de la Cité demeurent au centre de toute recherche. Dès lors, il importe peu que le sociologue atteste d’un engagement dûment caractérisé. Il lui suffit d’observer les règles de la méthode la plus à même d’autoriser l’ouverture du sens, pour paraître enfin acteur en sa propre société, et, à rebours de la formule consacrée, prophète en son pays.
6Par la présentation pertinente des étapes majeures de la recherche sociologique, S. Paugam fait œuvre utile, pour autant qu’il contraint ce temps de l’entrée en discipline à ne pas se clore en lui-même, éteinte toute possibilité d’étonnement et de détournement des règles et des lois. Par les références insistantes aux pionniers de cette science sociale, et leur posture éclatée entre la passion de scientificité et la nécessité de comprendre un réel qui toujours la déborde, la leçon propédeutique s’ouvre au grand large de l’intelligence du social.Réservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité FSS10318 300-18.1 Ouvrage Faculté des Sciences Sociales 000 - Informatique, information, ouvrages généraux Disponible FSS10317 300-18.2 Ouvrage Faculté des Sciences Sociales 300 - Sciences sociales Disponible Psychologie différentielle
Titre : Psychologie différentielle Type de document : texte imprimé Editeur : Paris : Presses universitaires de France Année de publication : impr. 2011 Collection : Licence, ISSN 1967-3329 Importance : 1 vol. (236 p.) Présentation : graph. Format : 22 cm ISBN/ISSN/EAN : 978-2-13-056955-8 Prix : 15 EUR Note générale : Bibliogr. p. 217-236. Index Langues : Français (fre) Langues originales : Français (fre) Mots-clés : PSYCHOLOGIE DIFFERENTIELLE L'EDUCATION apprentissages réussite scolaire L'analyse du travail LA SANTE Index. décimale : 155 - psychologie différentielle Résumé : Dans les secteurs de l’éducation, du travail et de la santé, la prise en compte des différences inter et intra individuelles est essentielle pour représenter l’ensemble des attitudes, des comportements, et des états mentaux observables. La variabilité du comportement se trouve au centre des modélisations théoriques et des applications de la psychologie dans le contexte de la vie personnelle et professionnelle.
Cet ouvrage part des grands champs d’application de la psychologie : santé, éducation, travail, pour mettre en valeur les principales contributions de la psychologie différentielle. Une première approche des concepts de différences inter- et intra-individuelles et de la variabilité humaine, des enjeux théoriques, des méthodes permettant la mesure des différences individuelles, et des retombées dans les domaines d’application est proposée dans cet ouvrage.
Sommaire
QUELQUES ETAPES HISTORIQUES DANS LA NAISSANCE DE LA PSYCHOLOGIE DIFFERENTIELLE
Un petit pas pour l'Homme, un grand bond pour la psychologie différentielle
Les 50 glorieuses: 1910-1960
Quels types de variabilité ?
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DE L'EDUCATION
Intelligence et apprentissages
Personnalité et apprentissages
Facteurs conatifs et réussite scolaire
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DU TRAVAIL : L'EXEMPLE DE LA SELECTION PROFESSIONNELLE
Les principes de la sélection du personnel
L'analyse du travail
Les principales variables psychologiques utilisées pour la sélection professionnelle
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DE LA SANTE
Les apports spécifiques de la psychologie différentielle au domaine de la santé
Caractéristiques individuelles associées à la santé
L'état de santéPsychologie différentielle [texte imprimé] . - Paris : Presses universitaires de France, impr. 2011 . - 1 vol. (236 p.) : graph. ; 22 cm. - (Licence, ISSN 1967-3329) .
ISBN : 978-2-13-056955-8 : 15 EUR
Bibliogr. p. 217-236. Index
Langues : Français (fre) Langues originales : Français (fre)
Mots-clés : PSYCHOLOGIE DIFFERENTIELLE L'EDUCATION apprentissages réussite scolaire L'analyse du travail LA SANTE Index. décimale : 155 - psychologie différentielle Résumé : Dans les secteurs de l’éducation, du travail et de la santé, la prise en compte des différences inter et intra individuelles est essentielle pour représenter l’ensemble des attitudes, des comportements, et des états mentaux observables. La variabilité du comportement se trouve au centre des modélisations théoriques et des applications de la psychologie dans le contexte de la vie personnelle et professionnelle.
Cet ouvrage part des grands champs d’application de la psychologie : santé, éducation, travail, pour mettre en valeur les principales contributions de la psychologie différentielle. Une première approche des concepts de différences inter- et intra-individuelles et de la variabilité humaine, des enjeux théoriques, des méthodes permettant la mesure des différences individuelles, et des retombées dans les domaines d’application est proposée dans cet ouvrage.
Sommaire
QUELQUES ETAPES HISTORIQUES DANS LA NAISSANCE DE LA PSYCHOLOGIE DIFFERENTIELLE
Un petit pas pour l'Homme, un grand bond pour la psychologie différentielle
Les 50 glorieuses: 1910-1960
Quels types de variabilité ?
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DE L'EDUCATION
Intelligence et apprentissages
Personnalité et apprentissages
Facteurs conatifs et réussite scolaire
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DU TRAVAIL : L'EXEMPLE DE LA SELECTION PROFESSIONNELLE
Les principes de la sélection du personnel
L'analyse du travail
Les principales variables psychologiques utilisées pour la sélection professionnelle
PERSPECTIVES DIFFERENTIELLES DANS LE CHAMP DE LA SANTE
Les apports spécifiques de la psychologie différentielle au domaine de la santé
Caractéristiques individuelles associées à la santé
L'état de santéRéservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité FSS29222 155-42.1 Ouvrage Faculté des Sciences Sociales 100 - Philosophie, Parapsychologie et Occultisme, Psychologie Disponible