Titre : |
Philosophie du droit |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Michel Villey, Auteur |
Editeur : |
Paris : Dalloz |
Année de publication : |
2000 |
ISBN/ISSN/EAN : |
2-247-04128-0-0 |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
L'enjeu central de l'œuvre de Michel Villey est la redécouverte de la notion authentique de droit, que Villey appréhende à partir de la fonction du juge, qui est de « dire le droit ». Le droit s'occupe donc essentiellement d'effectuer des partages justes : il a pour objet d'attribuer des biens, des statuts, des fonctions, des charges, etc., c'est-à-dire d'énoncer à qui appartient ou revient telle ou telle chose. En cela, le travail du droit est essentiellement distinct du travail législatif, qui consiste à édicter des normes.
Villey étaye cette thèse philosophique sur la nature du droit en se faisant historien. La notion de droit qu'il défend est celle qui a été théorisée par Aristote dans l'Éthique à Nicomaque (livre V), où sont distinguées deux notions de justice :
Une justice générale, « somme de toutes les vertus », qui caractérise le bon citoyen en général : courageux, honnête, véridique, etc.
Une justice particulière, vertu à part entière, qui consiste à attribuer à chacun sa part.
C'est la justice particulière qui correspond au droit proprement dit. La justice générale, elle, se confond avec la morale, et elle est aussi, aux dires d'Aristote, ce qui est visé par une bonne législation.
Pour Villey, la notion aristotélicienne du droit a été pleinement recueillie dans le droit romain. La grande thèse historique de Villey est que, à l'ère chrétienne, la théologie a presque totalement absorbé le droit, en ramenant celui-ci dans la morale. Au « juste » aristotélicien, entendu comme partage, comme attribution, il oppose la « loi », au sens de la torah biblique, qui définit des règles de conduite. Le théologien qui a le plus influencé cette absorption du droit dans la loi est saint Augustin. Au seuil de l'époque moderne, il devait revenir à Suarez de transmettre cette conception à la modernité. Thomas d'Aquin, en revanche, avait parfaitement maintenu la distinction : dans la Somme de théologie, lorsqu'il traite de la loi, il n'expose pas une théorie du droit mais, dit Villey, « toute l'économie du salut, la manière dont Dieu dirige la "conduite" des hommes dans l'histoire, vers leurs fins dernières » (Critique de la pensée juridique moderne, p. 25). En revanche, l'esprit d'Aristote et du droit romain anime les questions consacrées au droit, au seuil du traité sur la justice (IIa-IIae, question 57). |
Philosophie du droit [texte imprimé] / Michel Villey, Auteur . - Paris : Dalloz, 2000. ISSN : 2-247-04128-0-0 Langues : Français ( fre)
Résumé : |
L'enjeu central de l'œuvre de Michel Villey est la redécouverte de la notion authentique de droit, que Villey appréhende à partir de la fonction du juge, qui est de « dire le droit ». Le droit s'occupe donc essentiellement d'effectuer des partages justes : il a pour objet d'attribuer des biens, des statuts, des fonctions, des charges, etc., c'est-à-dire d'énoncer à qui appartient ou revient telle ou telle chose. En cela, le travail du droit est essentiellement distinct du travail législatif, qui consiste à édicter des normes.
Villey étaye cette thèse philosophique sur la nature du droit en se faisant historien. La notion de droit qu'il défend est celle qui a été théorisée par Aristote dans l'Éthique à Nicomaque (livre V), où sont distinguées deux notions de justice :
Une justice générale, « somme de toutes les vertus », qui caractérise le bon citoyen en général : courageux, honnête, véridique, etc.
Une justice particulière, vertu à part entière, qui consiste à attribuer à chacun sa part.
C'est la justice particulière qui correspond au droit proprement dit. La justice générale, elle, se confond avec la morale, et elle est aussi, aux dires d'Aristote, ce qui est visé par une bonne législation.
Pour Villey, la notion aristotélicienne du droit a été pleinement recueillie dans le droit romain. La grande thèse historique de Villey est que, à l'ère chrétienne, la théologie a presque totalement absorbé le droit, en ramenant celui-ci dans la morale. Au « juste » aristotélicien, entendu comme partage, comme attribution, il oppose la « loi », au sens de la torah biblique, qui définit des règles de conduite. Le théologien qui a le plus influencé cette absorption du droit dans la loi est saint Augustin. Au seuil de l'époque moderne, il devait revenir à Suarez de transmettre cette conception à la modernité. Thomas d'Aquin, en revanche, avait parfaitement maintenu la distinction : dans la Somme de théologie, lorsqu'il traite de la loi, il n'expose pas une théorie du droit mais, dit Villey, « toute l'économie du salut, la manière dont Dieu dirige la "conduite" des hommes dans l'histoire, vers leurs fins dernières » (Critique de la pensée juridique moderne, p. 25). En revanche, l'esprit d'Aristote et du droit romain anime les questions consacrées au droit, au seuil du traité sur la justice (IIa-IIae, question 57). |
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