Titre : |
Naissance de la chimie structurale |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Alain Dumon, Auteur ; Robert Luft (1926-....), Auteur |
Editeur : |
Les Ulis : EDP sciences |
Année de publication : |
DL 2008 |
Collection : |
Sciences & histoires, ISSN 1636-8134 |
Importance : |
1 vol. (252 p.) |
Présentation : |
ill., couv. ill. |
Format : |
24 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-7598-0055-1 |
Prix : |
25 EUR |
Note générale : |
Bibliogr. p. 205-215 |
Langues : |
Français (fre) |
Index. décimale : |
541.0 |
Résumé : |
Extrait
Extrait de l'introduction :
Les notions de formule chimique, de liaison entre atomes et de stéréochimie, si familières aux chimistes d'aujourd'hui, sont apparues dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Au préalable, il fallut apprendre à distinguer le mélange du corps pur, construire la notion de substance chimique, différencier l'atome de la molécule et reconnaître que les atomes sont les constituants des molécules. Ce passage du monde sensible au monde imperceptible a pris près de 2 000 ans et a donné lieu à débats et controverses.
Dans les diverses philosophies corpusculaires qui se sont succédées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, c'est la notion d'affinité qui expliquait que deux particules avaient tendance à s'unir, s'accoler, s'attacher, etc. Le sens premier, commun, du mot affinité concerne plutôt la localisation géographique ; en effet, le mot latin «adfinis» signifie voisin ou limitrophe, et «adfinitas», voisinage ou proximité. Plus tard seront ajoutés les sens de ressemblance, de parenté par alliance, acquise par un mariage ou un baptême, puis celui de connexion entre les choses qui ont un rapport, qui présentent quelques similitudes entre elles et qui se ressemblent. Le concept d'affinité va évoluer pour devenir l'affinité (ou force) d'attraction et se différencier en affinité d'agrégation et affinité de composition. Ces affinités que Bergman appelle «affinités électives»l étaient exprimées en particulier dès 1718 dans le Tableau des rapports de Geoffroy (voir dans le chapitre 1 la figure 1.4).
La cohésion des substances chimiques sera successivement expliquée par l'existence de crochets, de forces de contact, d'équilibre entre forces répulsives à très courte distance et de force attractive qui «décroît plus vite que le carré de celle-ci», d'attraction électrique entre espèces de charges opposées. Mais l'affinité restera jusqu'à la fin du XIXe siècle un véritable paradigme permettant d'interpréter la formation des corps composés à partir de leurs particules initiales. Par exemple, Kekulé considère que les atomes et les groupes d'atomes qui se forment ou se transfèrent dans les réactions sont le siège d'unités d'affinité («Verwandschaftseinheiten»), qui correspondent aux atomicités ou valences des atomes, neutralisées dans la formation des liaisons ou libérées lors de la rupture de celles-ci ; mais aucune définition précise de l'affinité n'est fournie avant le développement de la thermodynamique chimique.
Présentation de l'éditeur
Il parait aujourd'hui naturel d'assister devant un ordinateur à l'ébauche de la structure tridimensionnelle, hélicoïdale ou en pliage zig-zag, d'une molécule polypeptidique ; il parait tout aussi évident de manipuler cette molécule et de l'examiner sous un angle quelconque au moyen d'un logiciel.
Et pourtant : il y a deux siècles on n'avait identifié que 34 corps simples et isolé une vingtaine d'entre eux. Au mieux on savait alors déterminer la composition centésimale de quelques dizaines de combinaisons chimiques. S'il est rare désormais de se pencher sur le chemin parcouru et sur l'accélération des découvertes, il n'en demeure pas moins que l'étude de ce processus passionnant, improbable et fondateur reste pertinent et essentiel.
La naissance de la chimie structurale retrace ainsi le cheminement plein d'embûches et de chausse-trapes parcouru depuis les travaux de Richter sur la stéchiométrie (1792) jusqu'à ceux réalisés de nos jours sur des structures supramoléculaires. Le développement laborieux des notions d'espèce chimique, d'atome, de molécule, d'ion, l'identification de leurs propriétés structurales et des conséquences de celles-ci sur la géométrie des molécules ont été l'objet de batailles intellectuelles mémorables. Dans le domaine structural les avancées dues à Pasteur, Kekulé, Van't Hoff, Le Bel, Fisher, Barton, etc. permettent aujourd'hui à l'industrie pharmaceutique de reproduire par synthèse chimique asymétrique des édifices moléculaires complexes, autrefois extraits difficilement d'organismes végétaux ou animaux. De même, les méthodes de polymérisation modernes conduisent à la création d'enchaînements moléculaires portant sur des milliers de chaînons qui sont disposés de façon stéréorégulière, isotactique ou syndiotactique.
Le chimiste féru de l'histoire de sa discipline, l'ingénieur, l'enseignant, le doctorant ou l'étudiant en maîtrise de chimie trouveront dans La naissance de la chimie structurale de nombreux éléments de réflexion sur les entraves que rencontre le chercheur pour faire adopter de nouveaux concepts, mais aussi sur les voies qui s'ouvrent en cas de réussite.
Robert Lutta été successivement chercheur au CNRS détaché à l'Université de la Sarre, professeur à l'université de Poitiers, puis, au moment de sa fondation, à l'université de Nice-Sophia-Antipolis.
Alain Dumon a été maître de conférences à l'université de Pau et des Pays de l'Adour avant d'être nommé professeur à l'IUFM d'Aquitaine lors de sa création. Il y enseigne dans le cadre de la formation des professeurs de lycées et collèges de physique-chimie. |
Naissance de la chimie structurale [texte imprimé] / Alain Dumon, Auteur ; Robert Luft (1926-....), Auteur . - Les Ulis : EDP sciences, DL 2008 . - 1 vol. (252 p.) : ill., couv. ill. ; 24 cm. - ( Sciences & histoires, ISSN 1636-8134) . ISBN : 978-2-7598-0055-1 : 25 EUR Bibliogr. p. 205-215 Langues : Français ( fre)
Index. décimale : |
541.0 |
Résumé : |
Extrait
Extrait de l'introduction :
Les notions de formule chimique, de liaison entre atomes et de stéréochimie, si familières aux chimistes d'aujourd'hui, sont apparues dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Au préalable, il fallut apprendre à distinguer le mélange du corps pur, construire la notion de substance chimique, différencier l'atome de la molécule et reconnaître que les atomes sont les constituants des molécules. Ce passage du monde sensible au monde imperceptible a pris près de 2 000 ans et a donné lieu à débats et controverses.
Dans les diverses philosophies corpusculaires qui se sont succédées jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, c'est la notion d'affinité qui expliquait que deux particules avaient tendance à s'unir, s'accoler, s'attacher, etc. Le sens premier, commun, du mot affinité concerne plutôt la localisation géographique ; en effet, le mot latin «adfinis» signifie voisin ou limitrophe, et «adfinitas», voisinage ou proximité. Plus tard seront ajoutés les sens de ressemblance, de parenté par alliance, acquise par un mariage ou un baptême, puis celui de connexion entre les choses qui ont un rapport, qui présentent quelques similitudes entre elles et qui se ressemblent. Le concept d'affinité va évoluer pour devenir l'affinité (ou force) d'attraction et se différencier en affinité d'agrégation et affinité de composition. Ces affinités que Bergman appelle «affinités électives»l étaient exprimées en particulier dès 1718 dans le Tableau des rapports de Geoffroy (voir dans le chapitre 1 la figure 1.4).
La cohésion des substances chimiques sera successivement expliquée par l'existence de crochets, de forces de contact, d'équilibre entre forces répulsives à très courte distance et de force attractive qui «décroît plus vite que le carré de celle-ci», d'attraction électrique entre espèces de charges opposées. Mais l'affinité restera jusqu'à la fin du XIXe siècle un véritable paradigme permettant d'interpréter la formation des corps composés à partir de leurs particules initiales. Par exemple, Kekulé considère que les atomes et les groupes d'atomes qui se forment ou se transfèrent dans les réactions sont le siège d'unités d'affinité («Verwandschaftseinheiten»), qui correspondent aux atomicités ou valences des atomes, neutralisées dans la formation des liaisons ou libérées lors de la rupture de celles-ci ; mais aucune définition précise de l'affinité n'est fournie avant le développement de la thermodynamique chimique.
Présentation de l'éditeur
Il parait aujourd'hui naturel d'assister devant un ordinateur à l'ébauche de la structure tridimensionnelle, hélicoïdale ou en pliage zig-zag, d'une molécule polypeptidique ; il parait tout aussi évident de manipuler cette molécule et de l'examiner sous un angle quelconque au moyen d'un logiciel.
Et pourtant : il y a deux siècles on n'avait identifié que 34 corps simples et isolé une vingtaine d'entre eux. Au mieux on savait alors déterminer la composition centésimale de quelques dizaines de combinaisons chimiques. S'il est rare désormais de se pencher sur le chemin parcouru et sur l'accélération des découvertes, il n'en demeure pas moins que l'étude de ce processus passionnant, improbable et fondateur reste pertinent et essentiel.
La naissance de la chimie structurale retrace ainsi le cheminement plein d'embûches et de chausse-trapes parcouru depuis les travaux de Richter sur la stéchiométrie (1792) jusqu'à ceux réalisés de nos jours sur des structures supramoléculaires. Le développement laborieux des notions d'espèce chimique, d'atome, de molécule, d'ion, l'identification de leurs propriétés structurales et des conséquences de celles-ci sur la géométrie des molécules ont été l'objet de batailles intellectuelles mémorables. Dans le domaine structural les avancées dues à Pasteur, Kekulé, Van't Hoff, Le Bel, Fisher, Barton, etc. permettent aujourd'hui à l'industrie pharmaceutique de reproduire par synthèse chimique asymétrique des édifices moléculaires complexes, autrefois extraits difficilement d'organismes végétaux ou animaux. De même, les méthodes de polymérisation modernes conduisent à la création d'enchaînements moléculaires portant sur des milliers de chaînons qui sont disposés de façon stéréorégulière, isotactique ou syndiotactique.
Le chimiste féru de l'histoire de sa discipline, l'ingénieur, l'enseignant, le doctorant ou l'étudiant en maîtrise de chimie trouveront dans La naissance de la chimie structurale de nombreux éléments de réflexion sur les entraves que rencontre le chercheur pour faire adopter de nouveaux concepts, mais aussi sur les voies qui s'ouvrent en cas de réussite.
Robert Lutta été successivement chercheur au CNRS détaché à l'Université de la Sarre, professeur à l'université de Poitiers, puis, au moment de sa fondation, à l'université de Nice-Sophia-Antipolis.
Alain Dumon a été maître de conférences à l'université de Pau et des Pays de l'Adour avant d'être nommé professeur à l'IUFM d'Aquitaine lors de sa création. Il y enseigne dans le cadre de la formation des professeurs de lycées et collèges de physique-chimie. |
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